MistyMisty
à l'enseigne de la belle Orchidée
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Splendeurs de l'autoportrait
Si quelque chose est sacré, le corps humain est sacré. (Walt Whitman)
C'est le problème, pour cette belle Orchidée sauvage et asiatique, pour cette talentueuse petite beauté atypique et libre, les censeurs pusillanimes de facebook, les pudibonds amerlauds (ces mêmes branques qui élisent Trump et qui ne supportent pas la vue d'un sein) la traquent sans repos, la dénoncent, se signent, outragés et abasourdis, et cherchent à l'exclure, à la vaporiser ! "Couvrez ce sein, que je ne saurais voir. Par de pareils objets, les âmes sont blessées. Et cela fait venir de coupables pensées". Ah, les perfides tartufes bien sentis par Molière ! Oh, les malades de leurs propres pulsions. Car le spectacle de la beauté, - loin d'avilir l'être -, est une merveille qui apaise, qui enchante, qui enivre, qui réconforte, qui exalte, qui met en communication avec de nouvelles mythologies, avec d'autres poésies. On ne parle pas ici d'exhibition ou de trivialité, de grâce, ces arguments sont vulgaires et irrecevables, on parle d'une femme inventive, poétique, originale, audacieuse qui se passe à son propre crible, d'une ballerine qui se lance dans de grands et vertigineux jeux spéculaires, qui vit et fixe le chapelet de ses identités, de ses possibles, de ses grâces, de ses accès de fièvre. D'une artiste qui nous reçoit au théâtre de ses pluriels. D'une femme artiste qui interprète tous les rôles qui forment son caractère et son tempérament. Que celui qui voit de l'offense dans cet imagier se retire, qu'il disparaisse. Il s'est trompé, sa place n'est pas ici. Comment peut-on vouloir bannir la beauté, quand elle prend les formes, les allures, les inventions, les gestuelles, les grâces, les hiératismes, les effigies, les féeries dont Misty l'Orchidée la pare, l'enflamme, la peint. Dans l'autoportrait, Misty (amie virtuelle que sans doute je ne rencontrerai jamais à la ville - mais une vraie rencontre a lieu à la scène) livre tous les états qui la constituent : cris immenses, prodigieux, danses, bonds, recroquevillements, éclats, fluidité, combat, charme, colère, douleur, volupté, repli, éclosion, évanescence, resplendissement. Il y a là un magnifique et puissant alphabet de l'émotion. Un formidable livre de nuances. Une vitale affirmation de présence, de vie intérieure et d'apparence. Il y a volonté d'apparaître et d'habiter pleinement son être. La nudité n'y est pas gratuite mais elle n'est pas niée, elle est de la fête et de toutes les icônes : elle vit là avec son système solaire, ses éblouissements, ses obscurités, ses oublis, sa chaleur bienfaisante, ses passions, ses rudesses, sa liberté. Rien ici ne s'abaisse, rien ne s'humilie, rien ne renonce, tout est à hauteur de femme, c'est-à-dire, selon moi, la hauteur qui me convient, et en la présente occurrence, la hauteur de l'art et de la création. Depuis l'origine de la création, jamais la nudité n'a nui à l'art. Toujours, elle a prêté des carats à son rayonnement. Par ailleurs, la nudité n'est qu'un habit des cérémonies auxquelles l'artiste nous convie. Je ferai peut-être de la peine au censeur, mais ici, dans la galerie que je vous invite à traverser, on est au plus proche du sacré de l'être. On l'entend respirer, prier, maudire.On le sait, ne nous leurrons pas, les rues abondent de beaux corps féminins. Ils passent, nous les oublions, nous avons d'autres omelettes sur la gaz. Mais celui-ci, qui est beau, qui est original, qui est vigoureux, est aussi un modèle fameux, un conteur exceptionnel, un acteur dynamique, une sorcière et une fée, un instant de foudre, une fauvesse étrange entre la libellule et la lionne, une force d'action, un faramineux moyen d'expression, un tonus sidérant, un outil d'écriture, une panoplie de gestes, un objet métaphysique, une légende, un pur satin, une seconde de poésie, un tableau vivant, une Vénus étrange, imaginative venue d'Asie. Je l'ai dit aussi : elle est folle, rebelle, colérique, paisible, humble, fragile, féroce, touchée par la spiritualité, formidablement touchante, furieusement en vie. Tout cela est inséré dans son travail et l'exhausse.
Voilà l'artiste pour laquelle je me mobilise. Et me mobiliserai dans l'avenir. Il faut à des gens de cette nature, de l'espace (libre), du ciel, de la terre, des galeries, des salons d'exposition. Moi, conscient d'accueillir une artiste, j'ouvre tout grand mon blog, je recueille les perles, je propose et j'admire.
Pour le reste, - pour l'essentiel devrais-je écrire - il y a le charme, l'attrait, la fascination qu'exercent sur moi l'intelligence, la ligne esthétique, le sens de la composition, la quête existentielle, le sens de la capture, le souffle, la singularité de la photographe. C'est une artiste en pleine ébullition. Et une flamme bleue, dansante, dévorante, une flamme des cuissons alchimiques.
Ici, nous sommes dans le monde particulier de l'autoportrait. Et, quand nous aurons vu cet album, nous aurons approché un instant de l'être. C'est à cette approche respectueuse, émue, charmée, enchantée, bouleversée, précieuse que je convie mes visiteurs.
Poème en prose pour les images de Misty et pour Misty elle-même
Nous n'avons plus, nous qui sommes sans dieu, nous qui sommes sans espérance, nous qui n'avons plus de spirituel qu'un lointain petit feu de camp derrière l'iris, qu'un quinquet singulier au fond de nos poumons, nous n'avons plus d'icônes que vous avec votre Orient personnel, avec vos étrangetés d'Esquimaude ici et d'Amazone là-bas, d'albatros féminin là-haut, avec l'enfance en vous associée au torse de l'instinct, avec votre neige et le gypse que vous en faites. Nous faisons halte devant votre chair, contents quand même des dessins de sa pulpe, des cercles, des sinus, des anneaux qu'elle met en lumière. Vous paraissez à livre ouvert, parfaitement illisible, protégée de tout eurêka, parée de hiéroglyphes, parfumée des feuilletements que font entendre les livres dans la nuit. Vous vous estompez pour mieux renaître, vous promenez votre fantôme en laisse et votre poids en lait, en sirop de pétales. Vous mettez avec la volupté, les ingrédients de la force, de la fureur, de la délicatesse d'oiseau. C'est avec de grands yeux de nuit, avec des torches de jadis et de tout récents faisceaux que vous vous dévisagez. Il ne faut rien manquer quand le désir de voir habite la cérémonie : la majesté des fesses avec l'élan de l'âme, le violoncelle des hanches avec la mélodie de l'être, le pavillon noir des cheveux avec la nuit intime. Misty entre. Tout le corps chante, se crispe, rue, se couche, saute, se cabre, voltige, se tend, se renverse, s'élève : c'est-à-dire qu'il s'oppose au naufrage que c'est d'exister, qu'il se refuse à l'abîme d'exister, qu'il affirme son orgueil d'outil métaphysique, son au-delà de la matière, l'encens que fait monter sa substance, la prière obstinée qu'il lance à l'assaut du silence absurde. Le silence, l'absence définitive de tout exaucement ne sont rien devant l'essor d'un corps qui prie. Son génie, c'est le défi de la prière. Il dit aussi, sans doute, je l'espère, le bonheur qu'il y a, de temps en temps, à être belle. Il dit, ce corps, ce zeste d'assomption qui grandit l'être nu, dépouillé de foi, face à lui-même, à ses rêves et à ses impasses. Il dit ce chant de gestes, cette hallucinante prédilection conjugale qui lie l'écorce et l'arbre, l'arbre et la foudre, la foudre et le feu, le feu et la lumière, la cendre et le vent. Alors, devant vos images, grâce à elles, le désir, la peur, la vitalité, la porte fermée et secrète de chacun, le goût de la fête, l'appétit du beau, l’attraction de l'étrange et de l'audace, la quête d'une braise ardente concertent ensemble comme les instruments d'un orchestre. (DL Colaux, novembre 2016)
Galerie parfumée de bouffées de Charles Baudelaire
Viens-tu du ciel profond ou sors-tu de l'abîme,
Ô Beauté ! ton regard, infernal et divin,
Verse confusément le bienfait et le crime,
Et l'on peut pour cela te comparer au vin.
Les poètes, devant mes grandes attitudes,
Que j'ai l'air d'emprunter aux plus fiers monuments,
Consumeront leurs jours en d'austères études ...
Ta tête, ton geste, ton air
Sont beaux comme un beau paysage
Lecteur, as-tu quelquefois respiré
Avec ivresse et lente gourmandise
Ce grain d'encens qui remplit une église,
Ou d'un sachet le musc invétéré ?
Charme profond, magique, dont nous grise
Dans le présent le passé restauré !
Ainsi l'amant sur un corps adoré
Du souvenir cueille la fleur exquise.
De ses cheveux élastiques et lourds,
Vivant sachet, encensoir de l'alcôve,
Une senteur montait, sauvage et fauve,
Et des habits, mousseline ou velours,
Tout imprégnés de sa jeunesse pure,
Se dégageait un parfum de fourrure.
Il aimait à la voir, avec ses jupes blanches,
Courir tout au travers du feuillage et des branches,
Gauche et pleine de grâce, alors qu'elle cachait
Sa jambe, si la robe aux buissons s'accrochait.
J'aime, ô pâle beauté, tes sourcils surbaissés,
D'où semblent couler des ténèbres,
Tes yeux, quoique très noirs, m'inspirent des pensers
Qui ne sont pas du tout funèbres.
Imaginez Diane en galant équipage,
Parcourant les forêts ou battant les halliers,
Cheveux et gorge au vent, s'enivrant de tapage,
Superbe et défiant les meilleurs cavaliers !
Avec ses vêtements ondoyants et nacrés,
Même quand elle marche on croirait qu'elle danse,
Comme ces longs serpents que les jongleurs sacrés
Au bout de leurs bâtons agitent en cadence.
Je suis la plaie et le couteau !
Je suis le soufflet et la joue !
Je suis les membres et la roue,
Et la victime et le bourreau !
Je suis belle, ô mortels! comme un rêve de pierre,
Et mon sein, où chacun s'est meurtri tour à tour,
Est fait pour inspirer au poète un amour
Eternel et muet ainsi que la matière.
La femme cependant, de sa bouche de fraise,
En se tordant ainsi qu'un serpent sur la braise,
Et pétrissant ses seins sur le fer de son busc,
Laissait couler ces mots tout imprégnés de musc :
" Moi, j'ai la lèvre humide, et je sais la science
De perdre au fond d'un lit l'antique conscience.
Je sèche tous les pleurs sur mes seins triomphants,
Et fais rire les vieux du rire des enfants.
Je remplace, pour qui me voit nue et sans voiles,
La lune, le soleil, le ciel et les étoiles !
Je suis, mon cher savant, si docte aux Voluptés,
Lorsque j'étouffe un homme en mes bras redoutés,
Ou lorsque j'abandonne aux morsures mon buste,
Timide et libertine, et fragile et robuste,
Que sur ces matelas qui se pâment d'émoi,
Les anges impuissants se damneraient pour moi ! "
Les retentissantes couleurs
Dont tu parsèmes tes toilettes
Jettent dans l'esprit des poètes
L'image d'un ballet de fleurs.
Entre tant de beautés que partout on peut voir,
Je comprends bien, amis, que le désir balance ;
Mais on voit scintiller en Lola de Valence
Le charme inattendu d'un bijou rose et noir
La très-chère était nue, et, connaissant mon cœur,
Elle n'avait gardé que ses bijoux sonores...
Elle est belle, et plus que belle; elle est surprenante. En elle le noir abonde: et tout ce qu'elle inspire est nocturne et profond. Ses yeux sont deux antres où scintille vaguement le mystère, et son regard illumine comme l'éclair: c'est une explosion dans les ténèbres.
Vous pouvez mépriser les yeux les plus célèbres,
Beaux yeux de mon enfant, par où filtre et s'enfuit
Je ne sais quoi de bon, de doux comme la Nuit !
Beaux yeux, versez sur moi vos charmantes ténèbres !
Là, tout n'est qu'ordre et beauté,
Luxe, calme et volupté.
J'ai connu une certaine Bénédicta, qui remplissait l'atmosphère d'idéal, et dont les yeux répandaient le désir de la grandeur, de la beauté, de la gloire et de tout ce qui fait croire à l'immortalité.
L'Amour est assis sur le crâne
De l'Humanité,
Et sur ce trône le profane,
Au rire effronté,
Souffle gaiement des bulles rondes
Qui montent dans l'air,
Comme pour rejoindre les mondes
Au fond de l'éther.
Ô toison, moutonnant jusque sur l'encolure !
Ô boucles ! Ô parfum chargé de nonchaloir !